Thursday, November 23, 2006

CÔTE D'IVOIRE - 22 novembre 2006 - AFP Une cascades de dysfonctionnements, négligences et complicités administratives ont permis le déversement des déchets toxiques mortels dans la ville d'Abidjan, souligne le rapport d'enquête de la Commission nationale sur les déchets toxiques mandatée par le gouvernement, publié lundi. "La commission a relevé des dysfonctionnements et insuffisances de l'administration à plusieurs niveaux" qui "ont permis le déversement des déchets toxiques dans le district d'Abidjan", a indiqué ce rapport lu à la presse par la présidente de la Commission, la magistrate Fatoumata Diakité. Accablant pour la plupart des administrations concernées par ce scandale, le rapport dénonce notamment la "complicité notoire" des dirigeants du Port autonome d'Abidjan (PAA) qui a permis "le déversement des déchets toxiques" puis "le départ d'Abidjan du navire Probo Koala" qui les avait amenés. "Les autorités portuaires ont failli à leur mission, notamment le directeur général du port, Marcel Gossio", souligne le rapport. Il estime que la société Tommy, qui a déversé les déchets, a bénéficié de la "bienveillante protection" des autorités portuaires pour obtenir le contrat de déchargement des quelque 500 tonnes de déchets toxiques du Probo Koala, "alors qu'elle n'avait ni l'agrément ni les compétences" pour le faire. Le rapport relève également les "manquements" du directeur des Affaires maritimes de l'époque, Tibé Bi Ballou, et du ministre des Transports, Anaky Kobena, qui ont signé l'agrément de Tommy sans respecter les procédures. Il souligne également les "dysfonctionnements" des Douanes, qui n'ont pas contrôlé le Probo Koala, et les négligences de leur directeur général, Gnamien Konan, qui ont "contribué au déversement des déchets toxiques". Il note également la "surprenante indifférence" des responsables du district d'Abidjan, notamment son gouverneur Pierre Amondji, qui ont laissé les camions citernes affrétés par Tommy déverser les déchets toxiques en pleine ville. Le rapport met en cause à un degré moindre le ministère de l'Environnement et le centre antipollution (Ciapol), qui "se sont investi dans la gestion de la crise mais ont failli à leur devoir de veille" environnementale au départ. La commission a déploré en conclusion les "insuffisances", la "gestion approximative", la "méconnaissance", la "primauté de l'intérêt particulier sur l'intérêt général", le "manque de déontologie" et la "volonté manifeste" de violer les règles observés dans les administrations mises en cause. MM. Gossio, Konan et Amondji, considérés comme des proches du président Laurent Gbagbo, ont été suspendus de leurs fonctions à la mi-septembre par le Premier ministre Charles Konan Banny. Anaky Kobena, membre de l'opposition, a été écarté du gouvernement. Tibé Bi Ballou a lui été incarcéré à la maison d'arrêt d'Abidjan. Ce texte, qui avait pour but d'établir les responsabilités administratives dans cette affaire, souligne également au passage les larges responsabilités des entreprises impliquées dans cette affaire. Tommy, qui "a toutes les apparences de la société écran créée" pour cette opération, "est l'auteur principal du déversement des déchets", note-t-il. Le rapport reconnaît que Trafigura a prévenu les autorités locales de la toxicité des déchets, mais qu'elle n'a pas respecté la convention de Bâle sur le transport des déchets dangereux et "ne pouvait ignorer l'incapacité technique de la Côte d'Ivoire" à les traiter. La filiale locale de Trafigura, Puma Energie, a elle joué "un rôle déterminant dans le déversement des déchets toxiques", note-t-il. Les émanations des déchets toxiques, déversés dans la nuit du 19 au 20 août, ont provoqué la mort de dix personnes.

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