Friday, September 15, 2006


vendredi 15 septembre 2006, 17h33
Pollution à Abidjan: manifestation violente malgré des annonces du Premier ministre
Par David YOUANT et Emmanuel DUPARCQ

ABIDJAN (AFP) - Plusieurs centaines d'habitants d'Abidjan manifestaient vendredi leur colère face à la persistance des émanations de déchets toxiques dans la ville, agressant même un ministre, malgré les appels au calme et le prochain nettoyage annoncés la veille par le gouvernement.Entre 200 et 300 habitants du quartier d'Akouédo, situé dans la commune abidjanaise de Cococy, bloquaient dans la matinée la circulation sur l'un des axes routiers principaux d'Abidjan avec des barrages de pneus enflammés, de planches et de vieux régrigérateurs, a constaté un journaliste de l'AFP.
Ils ont également incendié et pillé le domicile, une luxueuse demeure de type européen, du directeur du Port autonome d'Abidjan, Marcel Gossio.
M. Gossio, qui n'était pas chez lui vendredi matin, fait partie des quatre responsables administratifs suspendus jeudi de leurs fonctions par le Premier ministre Charles Konan Banny en raison des "défaillances" qui ont conduit les autorités portuaires à autoriser le déversement des déchets.
Un peu plus tôt, des manifestants d'Akouédo avaient agressé le ministre ivoirien des Transports, Innocent Anaky Kobeman, qui passait au volant de sa voiture, ont indiqué des riverains et des sources militaires.
Les manifestants l'ont fait descendre de sa voiture, l'ont brutalisé et emmené de force sur une site de déversement des déchets toxiques "pour que lui aussi puisse respirer les émanations", selon ces sources. Le ministre a du être évacué par un hélicoptère l'armée, a précisé une source militaire.
Les habitants d'Akouédo étaient descendus dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol après avoir senti de nouveau vendredi une forte odeur semblable à celle des émanations toxiques et nauséabondes des déchets toxiques.
Sur place, la rumeur, non confirmée, courrait que des déchets toxiques avaient de nouveau été déversés dans la nuit.
Ces émanations ont intoxiqués plusieurs milliers d'habitants de la capitale économique ivoirienne (qui en compte environ 4 millions), et provoqué la mort de sept personnes et l'hospitalisation de 23 autres, selon le dernier bilan officiel fourni jeudi. Au total, le ministère de la Santé a recensé jusqu'ici "plus de 26.000 consultations médicales" liées à des intoxications.
La veille au soir, le Premier ministre ivoirien Charles Konan Banny était solennellement apparu à la télévision nationale pour annoncer plusieurs mesures, notamment le nettoyage des sites pollués à partir de dimanche.
"Nous serons très bientôt débarrassés de ces produits dangereux", a-t-il promis, en précisant que l'opération a été confiée au groupe français Séché.
M. Banny s'est surtout attaché à rassurer ses compatriotes, qui se plaignent du manque d'information sur la nature et les conséquences de la pollution, en rappelant notamment que le produit toxique n'était "pas radioactif" et que le réseau d'eau potable n'a pas été atteint, avant d'annoncer plusieurs mesures pour "protéger la chaîne alimentaire" près des sites pollués.
Il n'a pas exclu que des déchets toxiques soient toujours en circulation, indiquant que la police avait immobilisé huit des dix camions identifiés jusqu'ici comme contenant encore des produits toxiques.
M. Banny a confirmé que huit personnes avaient été arrêtés et quatre responsables administratifs, dont M. Gossio, suspendus dans cette affaire.
Le président ivoirien Laurent Gbagbo a de son côté affirmé jeudi soir que les auteurs du déversement des déchets toxiques, responsables de la mort d'au moins sept personnes, sont "connus" et "payeront pour leur crime".
Les centaines de tonnes de déchets toxiques ont été déversés à l'air libre sur une dizaine de sites d'Abidjan dans la nuit du 19 au 20 août par une société ivoirienne, Tommy, qui les avait déchargé avec l'accord des autorités ivoirienne d'un navire grec, le Probo Koala.

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