Après sa visite sur les sites des déchets toxiques/ Laurent Gbagbo annonce : “Pas d’amnistie pour les coupables”
Le Temps - lundi 18 septembre 2006
A l'issue d'une visite à l'hôpital général d'Abobo, à Djibi village et Montézo, le Président Laurent Gbagbo, a tenu à faire des précisions.
Monsieur le Président, que retenir de la tournée que vous venez d'effectuer ?
J'ai visité l'hôpital général d'Abobo Gare parce que des collaborateurs avaient déjà visité les grands centres et des CHU. L'hôpital par rapport aux autres, est un centre plus modeste qui reçoit beaucoup de malades. Ensuite, je se suis allé à Djibi Village où il y eu un dépôt de déchets toxiques. J'ai été fier de trouver une équipe médicale très déterminée aux chevets de la population. Enfin, je suis allé à Montézo dans la sous-préfecture d'Alépé, pour présenter les condoléances de la République à la famille du Jeune Yapo Anges Battesti, décédé suite à l'inhalation des déchets toxiques. Je précise que j'irai dans toutes les familles de ceux qui sont décédés. Officiellement, on a signalé six. Ce à partir de mardi. Car, il est important que quand survient une telle catastrophe, que l'Etat ne reste pas aérien.
Excellence, l'on parle de 30 mille malades, c'est tout de même inquiétant ?
On parle de 42 mille. Il n'y a pas 42 mille malades. Mais 42 mille consultations. Il faut que les journalistes passent la bonne information. Parce que les mêmes malades viennent deux fois voire 4 fois selon leur état. En outre, il convient d'ajouter que la gratuité des soins attire la population. Mais, nous n'allons pas abandonner l'option de la gratuité. Ce que je peux vous dire, c'est que pour avoir, le nombre exact de malades, il faudra diviser le chiffre indiqué plus haut, au moins par trois. Nous avons six morts, c'est beaucoup mais nous n'avons que six morts. Je m'en réjouis et je voudrais profiter de l'occasion pour saluer le corps médical. Partout où je suis passé, je les ais trouvés vraiment efficaces, déterminés et débout. La semaine qui arrive la Présidence va les aider en leur donnant 50 millions pour l'achat des médicaments et de matériel médicaux. Surtout pour aider à trouver du matériel pour la respiration. Parce que parmi ceux qui sont morts certains l'ont été des suites de troubles respiratoires. C'est l'une des raisons pour laquelle j'interroge l'équipe qui m'entoure qui est composée de spécialistes. En outre, je suis allé voir sur place pour aider là où l'aide était nécessaire. Il faut aussi profiter de l'occasion pour corriger là où il y a des dysfonctionnements.
Monsieur le Président, peut-on avoir une idée de l'évolution de l'enquête en cours ?
J'ajoute un complément, j'ai saisi le procureur de la République pour ouvrir une enquête. Et quelques jours après, je me suis rendu compte que les déchets avaient été aussi versés dans des endroits qui n'étaient pas de son ressort. C'est pourquoi, j'ai saisi celui de Yopougon pour lui demander d'ouvrir une autre enquête Les enquêtes sont en cours, les personnes qui ont été appréhendées parlent mais c'est la justice et je ne suis pas encore autorisé à parler. N'oubliez pas que je suis Président du Conseil supérieur de la magistrature, en tant que tel, j'ai un droit de réserve. Je suis au courant. Mais sachez que les enquêtes auront deux aspects. Un aspect purement intérieur à la Côte d'Ivoire et l'autre va concerner l'extérieur. Parce que ces déchets-là n'ont pas été fabriqués ici. Ils ne proviennent pas des activités de notre industrie. C'est à partir d'ailleurs qu'on a décidé de venir les déverser ici. Pour ce qui nous concerne, sachez dès à présent que tous ceux qui seront concernés et condamnés n'auront aucune mesure de grâce de la part du Président de la République. Encore moins de loi d'amnistie les concernant. Celui qui sème la mort dans mon pays doit payer.
La crise armée a éclaté en septembre 2002 les déchets toxiques en septembre 2006. Envisagez-vous quelque chose pour exorciser le mal ?
Je ne suis ni imam ni prêtre, ni rabbin. Je ne peux donc prétendre être exorciste. C'est à nous de nous construire. Tout cela veut dire que bientôt nous allons sortir de cette passe avec le cœur rempli de joie, en conjuguant tous ces malheurs au passé. J'y crois fortement et de plus en plus.
Abidjan est très sale, la décharge d'Akouédo est débordée, à quand le démarrage des travaux de la nouvelle décharge ?
C'est une très belle question. Car ce matin, à Abobo devant l'hôpital, j'ai vu non seulement des ordures entassées mais les caniveaux étaient remplis d'eaux stagnantes. Tout cela montre que si nous voulons que la population soit en bonne santé, il nous faut vivre dans un environnement sain. Jusqu'à présent, quand on parle de déchets dangereux on pense aux déchets nucléaires ou toxiques comme ceux que nous avons à traiter en ce moment. Mais il n'y a pas que ça qui sème la maladie. Les déchets ordinaires que nous voyons partout à Abidjan sèment aussi la maladie. Quand je suis arrivé au pouvoir en 2000, quelques temps après, nous avons dû faire face aux conséquences de ces déchets-là. Pour deux semaines, nous avons du dépenser plus de deux milliards pour soigner les gens. Akouédo est saturé, il faut les comprendre. Ce qu'il nous faut aujourd'hui, c'est de traiter ces sites-là. J'ai passé une journée à Akouédo où j'ai décidé de manger avec eux, dans la maison climatisée d'un cadre. Malgré cela et les fenêtres fermées il y avait des mouches à l'intérieur et de la puanteur. Le jour où nous trouverons une solution à ces problèmes, nous nous débarrasserons de 60% des maladies que nous avons. Pour le moment, nous allons nous atteler à enlever les déchets toxiques d'abord, pour les garder dans un coin en attendant que la justice condamne celui qui nous les a amenés à venir les chercher. Pour la suite, nous allons dans les semaines à venir, enlever les ordures et les amener n'importe où. Mais pas chez les pauvres villageois d'Akouédo. Vous savez que l'Etat a deux sites à Akouédo : il y a deux casernes et les militaires sont malades, les populations aussi. Vous avez bien fait de soulever la question, elle nous tracasse et il faut trouver une solution.
Dans le cadre de l'enquête, certaines personnalités ont été suspendues dont la nomination dépend de votre signature. La forme a-t-elle été respectée ?
Je ne voudrais pas répondre à cette question et je ne voudrais pas faire de la politique. Aujourd'hui, je suis là pour réconforter et apporter assistance à ceux de nos compatriotes qui sont en détresse. Le reste n'est pas pressé. Il faudra désormais vous habituer à cette cellule qui m'entoure. Nous sommes en train de former autour du Président de la République, une équipe d'experts qui sont pour le moment spécialisés dans les questions de santé. Mais pour toutes les catastrophes qui vont advenir, ils seront en contact avec le ministère de la Santé et de l'Environnement pour mieux informer le Président de la République. Au niveau du gouvernement même, la direction de la Protection civile qui était au ministère de la Défense devient un Secrétariat d'Etat auprès du Premier ministre chargée de la Protection Civile et du Citoyen. Nous pensons qu'en responsabilisant ainsi, ça va être mieux.
Propos recueillis par Bamba Mafoumgbé
bamaf2000@yahoo.fr
Le Temps - lundi 18 septembre 2006
A l'issue d'une visite à l'hôpital général d'Abobo, à Djibi village et Montézo, le Président Laurent Gbagbo, a tenu à faire des précisions.
Monsieur le Président, que retenir de la tournée que vous venez d'effectuer ?
J'ai visité l'hôpital général d'Abobo Gare parce que des collaborateurs avaient déjà visité les grands centres et des CHU. L'hôpital par rapport aux autres, est un centre plus modeste qui reçoit beaucoup de malades. Ensuite, je se suis allé à Djibi Village où il y eu un dépôt de déchets toxiques. J'ai été fier de trouver une équipe médicale très déterminée aux chevets de la population. Enfin, je suis allé à Montézo dans la sous-préfecture d'Alépé, pour présenter les condoléances de la République à la famille du Jeune Yapo Anges Battesti, décédé suite à l'inhalation des déchets toxiques. Je précise que j'irai dans toutes les familles de ceux qui sont décédés. Officiellement, on a signalé six. Ce à partir de mardi. Car, il est important que quand survient une telle catastrophe, que l'Etat ne reste pas aérien.
Excellence, l'on parle de 30 mille malades, c'est tout de même inquiétant ?
On parle de 42 mille. Il n'y a pas 42 mille malades. Mais 42 mille consultations. Il faut que les journalistes passent la bonne information. Parce que les mêmes malades viennent deux fois voire 4 fois selon leur état. En outre, il convient d'ajouter que la gratuité des soins attire la population. Mais, nous n'allons pas abandonner l'option de la gratuité. Ce que je peux vous dire, c'est que pour avoir, le nombre exact de malades, il faudra diviser le chiffre indiqué plus haut, au moins par trois. Nous avons six morts, c'est beaucoup mais nous n'avons que six morts. Je m'en réjouis et je voudrais profiter de l'occasion pour saluer le corps médical. Partout où je suis passé, je les ais trouvés vraiment efficaces, déterminés et débout. La semaine qui arrive la Présidence va les aider en leur donnant 50 millions pour l'achat des médicaments et de matériel médicaux. Surtout pour aider à trouver du matériel pour la respiration. Parce que parmi ceux qui sont morts certains l'ont été des suites de troubles respiratoires. C'est l'une des raisons pour laquelle j'interroge l'équipe qui m'entoure qui est composée de spécialistes. En outre, je suis allé voir sur place pour aider là où l'aide était nécessaire. Il faut aussi profiter de l'occasion pour corriger là où il y a des dysfonctionnements.
Monsieur le Président, peut-on avoir une idée de l'évolution de l'enquête en cours ?
J'ajoute un complément, j'ai saisi le procureur de la République pour ouvrir une enquête. Et quelques jours après, je me suis rendu compte que les déchets avaient été aussi versés dans des endroits qui n'étaient pas de son ressort. C'est pourquoi, j'ai saisi celui de Yopougon pour lui demander d'ouvrir une autre enquête Les enquêtes sont en cours, les personnes qui ont été appréhendées parlent mais c'est la justice et je ne suis pas encore autorisé à parler. N'oubliez pas que je suis Président du Conseil supérieur de la magistrature, en tant que tel, j'ai un droit de réserve. Je suis au courant. Mais sachez que les enquêtes auront deux aspects. Un aspect purement intérieur à la Côte d'Ivoire et l'autre va concerner l'extérieur. Parce que ces déchets-là n'ont pas été fabriqués ici. Ils ne proviennent pas des activités de notre industrie. C'est à partir d'ailleurs qu'on a décidé de venir les déverser ici. Pour ce qui nous concerne, sachez dès à présent que tous ceux qui seront concernés et condamnés n'auront aucune mesure de grâce de la part du Président de la République. Encore moins de loi d'amnistie les concernant. Celui qui sème la mort dans mon pays doit payer.
La crise armée a éclaté en septembre 2002 les déchets toxiques en septembre 2006. Envisagez-vous quelque chose pour exorciser le mal ?
Je ne suis ni imam ni prêtre, ni rabbin. Je ne peux donc prétendre être exorciste. C'est à nous de nous construire. Tout cela veut dire que bientôt nous allons sortir de cette passe avec le cœur rempli de joie, en conjuguant tous ces malheurs au passé. J'y crois fortement et de plus en plus.
Abidjan est très sale, la décharge d'Akouédo est débordée, à quand le démarrage des travaux de la nouvelle décharge ?
C'est une très belle question. Car ce matin, à Abobo devant l'hôpital, j'ai vu non seulement des ordures entassées mais les caniveaux étaient remplis d'eaux stagnantes. Tout cela montre que si nous voulons que la population soit en bonne santé, il nous faut vivre dans un environnement sain. Jusqu'à présent, quand on parle de déchets dangereux on pense aux déchets nucléaires ou toxiques comme ceux que nous avons à traiter en ce moment. Mais il n'y a pas que ça qui sème la maladie. Les déchets ordinaires que nous voyons partout à Abidjan sèment aussi la maladie. Quand je suis arrivé au pouvoir en 2000, quelques temps après, nous avons dû faire face aux conséquences de ces déchets-là. Pour deux semaines, nous avons du dépenser plus de deux milliards pour soigner les gens. Akouédo est saturé, il faut les comprendre. Ce qu'il nous faut aujourd'hui, c'est de traiter ces sites-là. J'ai passé une journée à Akouédo où j'ai décidé de manger avec eux, dans la maison climatisée d'un cadre. Malgré cela et les fenêtres fermées il y avait des mouches à l'intérieur et de la puanteur. Le jour où nous trouverons une solution à ces problèmes, nous nous débarrasserons de 60% des maladies que nous avons. Pour le moment, nous allons nous atteler à enlever les déchets toxiques d'abord, pour les garder dans un coin en attendant que la justice condamne celui qui nous les a amenés à venir les chercher. Pour la suite, nous allons dans les semaines à venir, enlever les ordures et les amener n'importe où. Mais pas chez les pauvres villageois d'Akouédo. Vous savez que l'Etat a deux sites à Akouédo : il y a deux casernes et les militaires sont malades, les populations aussi. Vous avez bien fait de soulever la question, elle nous tracasse et il faut trouver une solution.
Dans le cadre de l'enquête, certaines personnalités ont été suspendues dont la nomination dépend de votre signature. La forme a-t-elle été respectée ?
Je ne voudrais pas répondre à cette question et je ne voudrais pas faire de la politique. Aujourd'hui, je suis là pour réconforter et apporter assistance à ceux de nos compatriotes qui sont en détresse. Le reste n'est pas pressé. Il faudra désormais vous habituer à cette cellule qui m'entoure. Nous sommes en train de former autour du Président de la République, une équipe d'experts qui sont pour le moment spécialisés dans les questions de santé. Mais pour toutes les catastrophes qui vont advenir, ils seront en contact avec le ministère de la Santé et de l'Environnement pour mieux informer le Président de la République. Au niveau du gouvernement même, la direction de la Protection civile qui était au ministère de la Défense devient un Secrétariat d'Etat auprès du Premier ministre chargée de la Protection Civile et du Citoyen. Nous pensons qu'en responsabilisant ainsi, ça va être mieux.
Propos recueillis par Bamba Mafoumgbé
bamaf2000@yahoo.fr
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