Wednesday, September 13, 2006

Irresponsables mais pas coupables ?

La Lettre du Continent N°501 du 14/09/2006 - (3) -


Le déversement sur huit décharges publiques de 528 m3 de déchets toxiques, en particulier de l'hydrogène sulfuré, provenant de résidus d'hydrocarbures, aurait fait descendre dans la rue toute la population d'une capitale d'un pays démocratique. Depuis le 19 août, près de 10 000 Abidjanais souffrent de troubles respiratoires et on déplore déjà plusieurs morts. La crise politique que connaît la Côte d'Ivoire a occulté - à ce jour - cet acte d'irresponsabilité majeur. Le trader Trafigura Beheer, propriétaire de cette cargaison mortelle, avait prévenu de la haute toxicité de ces déchets (e-mail du 17 août de Jorge Luis Marrero au capitaine Kablan). Or, son traitement a été confié à la SARL Tommy, au capital de 2 millions F CFA du Nigérian Salomon Ugborugbo. Agréée le 7 juin 2006, cette société ne dispose que de deux salariés confinés dans un petit bureau… Le bateau transporteur, le Probo Koala, a pu vider ses cuves alors qu'il est précisé dans les mesures de sécurité du "permis de travail" signé le 19 août par la Petroci (quai de débarquement) "l'arrêt des travaux en cas d'odeur suspecte". Ce n'est que le 22 août que le DG, Fadika Kassoum, a précisé "la nouvelle procédure d'enlèvement de slops au quai Petroci Holding". Comment sept camions citernes loués à la SIR ont-ils pu sortir de nuit du PAA (Port autonome d'Abidjan) sans que les dirigeants ne soient prévenus ? Sans parler des douaniers… Le seul montant du contrat - 4 milliards F CFA - n'a pas manqué de tinter aux oreilles des responsables ivoiriens. Il est à la hauteur de la mortelle livraison. Le gouvernement a démissionné mais seuls des lampistes ont pour l'instant été arrêtés. Le premier ministre Charles Konan Banny aurait été menacé par les partisans de Laurent Gbagbo s'il désignait du doigt les vrais responsables de ce drame. Irresponsables mais pas coupables ?

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